Mme Anabelle PAPOT et Mme Dominique BROCHERIEUX
Mise à jour d’un article paru en 2021.
Dans chaque édition de notre infolettre, vous avez l’occasion de découvrir le portrait de personnes qui font partie de notre famille marcelline. Pour ce numéro, nous avons rencontré un duo qui représente les piliers de la formation marcelline, Mme Anabelle, titulaire en 2e année, et Mme Dominique, titulaire en 1re année.
À vous deux, vous représentez la stabilité et la solidité de la formation au premier cycle du primaire. Depuis quand faites-vous partie de l’équipe?
Mme Dominique a envoyé son CV à la Villa en 2004. « Sr Louise m’a appelée et m’a dit qu’elle voulait me rencontrer parce qu’elle était intéressée par mon CV. Je ne connaissais pas la Villa, mais maintenant j’en fais bien partie. Ma première classe, en 2004, je m’en souviens encore très bien. J’ai gardé une relation forte avec ces élèves-là. Je ne les oublierai jamais. » Quant à Mme Anabelle, elle a eu sa première expérience d’enseignement à la Villa en 2000 alors qu’elle venait de finir son Bac en géographie. Elle a fait toute sa scolarité à la Villa de la prématernelle 4 ans jusqu’en 5e secondaire… c’est d’ailleurs une histoire de famille car sa mère et sa tante ont travaillé à la Villa. « Sr Mathilde m’a prise au début pour quelques heures de remplacement. Ce fut le déclic. Je suis allée faire un deuxième Bac, en enseignement, et je suis titulaire de 2e année depuis janvier 2005. » Ce duo forme donc le pilier du 1er cycle du primaire depuis plus de 15 ans!
Qu’est-ce qui vous plaît d’enseigner au premier cycle du primaire?
Toutes les deux, spontanément, ont répondu sans hésiter: « C’est l’émerveillement! C’est de voir quand les élèves découvrent et comprennent une nouvelle notion, à lire l’heure par exemple. C’est quand elles se rendent compte qu’elles sont capables! » Et Mme Dominique de renchérir: « Moi, ce qui m’émeut le plus c’est le déclic de la lecture cela me donne beaucoup de satisfaction ».
Quels sont les aspects du projet pédagogique qui vous sont les plus chers?
À la Villa on donne la chance aux élèves de bien consolider les sons car l’apprentissage est réparti sur trois années. Elles apprennent en maternelle et puis refont tous les sons en 1re et en 2e. Quand elles arrivent à la fin de la 2e année, c’est vraiment solide. Mme Dominique et Mme Anabelle travaillent en tandem et en temps normal (sans restrictions sanitaires), elles font beaucoup de projets conjoints en décloisonnant les deux classes, et elles se consultent beaucoup. Les parents eux-mêmes constatent la continuité entre la 1re et la 2e année. Mme Anabelle connaît déjà les élèves avant qu’elles n’arrivent dans sa classe de 2e. C’est un grand avantage qui réduit beaucoup l’anxiété chez les petites.
Dans le projet pédagogique, les deux enseignantes ont souligné l’importance de l’apprentissage de l’écriture cursive dès le tout début et de la méthode gestuelle (Borel-Maisonny) qui commence en maternelle avec les sons simples, se poursuit en 1re année avec les sons plus complexes et qui est révisée en 2e année sans la gestuelle. Mais elles sont unanimes sur leur coup de coeur: RATUS! Ratus est un personnage extraordinaire qui attire les filles, qui suscite leur intérêt et qui offre une méthode de lecture extrêmement bien structurée. L’enfant avance mais en consolidant constamment les apprentissages, en révisant les sons des leçons précédentes. La dictée est revue avec la gestuelle en 1re année. La lecture ne peut pas passer sans l’écriture.
Quel est le plus grand défi à relever dans le contexte actuel?
Les deux enseignantes soulignent l’importance de la méthode. « On tient à ce que les filles s’appliquent et écrivent proprement dans leur cahier, mais cela devient de plus en plus difficile. On reste exigeantes, mais on constate que les élèves veulent aller vite et passer rapidement d’une tâche à l’autre. Le cerveau des enfants d’aujourd’hui est complètement métamorphosé. Ce n’est plus du tout comme avant. Les activités qu’on faisait en 45 minutes, on les fait en 15-20 minutes maintenant. Elles zappent tout le temps! Les élèves ont moins de patience pour rester sur une activité. Tout doit aller vite. » Cela constitue un défi pour les enseignantes. C’est un peu l’esprit de consommation dans la classe. « Moi, je suis servie, et tant pis si les autres ne le sont pas ». Par contre, les évaluations sont restées les mêmes qu’il y a 15 ans. Ce qui a changé c’est la manière d’y arriver. Elles doivent cibler ce qui est pertinent et aller à l’essentiel. Mais elles n’oublient jamais notre rôle d’éducatrices.
Comment avez-vous dû vous adapter avec le passage à l’enseignement à distance?
Au printemps, cela s’est bien passé. On donnait des plans de travail et les élèves faisaient le travail et nous le rendaient plus tard. Il n’y avait pas beaucoup d’échange. Par contre les deux matinées à distance devant l’écran qu’on a faites avant Noël, c’était quelque chose! Je nous vois mal maintenir ce rythme-là à long terme! À l’écran on a du mal à garder le contact avec toutes les élèves. L’idéal, si on devait retourner à distance, ce serait de faire des petits blocs d’interaction, de travail prédéterminé. Elles sont capables d’être autonomes pour certaines choses, mais il faut changer constamment d’activité. Et en classe, on passe un peu plus de temps à faire la police pour les consignes sanitaires! Mets ton masque, lave-toi les mains, etc…
Et qu’est-ce qui a changé depuis que vous enseignez à la Villa?
Les élèves sont plus vives et donnent plus facilement leur opinion. Elles ont beaucoup de connaissances. Certaines ont voyagé et développent leur curiosité à l’extérieur de la classe.
Quelles sont les plus grandes joies dans votre vie d’enseignante?
Le progrès des élèves! De voir l’évolution des enfants. Mme Anabelle le remarque chez ses élèves qui, à sept ans, font des progrès remarquables entre le début et la fin de l’année scolaire, surtout les élèves en difficulté qui arrivent à progresser. « C’est merveilleux! »
Et Mme Dominique rajoute: « Comme je l’ai déjà dit, pour moi la plus grande joie, c’est le déclic de la lecture. C’est comme assister aux premiers pas d’un enfant. Quand elles te disent ‘J’AI COMPRIS!’ C’est de l’amour gratuit aussi. Tu peux arriver fatiguée et avec tes soucis à l’école, mais dès que tu entres en classe, cet amour qu’elles te donnent te dynamise ».